La façade de Saint-Yves-des-Bretons
La façade de l'église actuelle de Saint-Yves-des-Bretons est l'œuvre de l'architecte Luca Carimini (1830-1890). Fils d'artisans romains, passionné de la Renaissance, Luca Carimini fut choisi comme architecte titulaire des Pieux Etablissements de la France à Rome et Lorette. Il en fut d'ailleurs le dernier après Chiari dont les projets de reconstruction de Saint-Yves furent abandonnés à la suite d'irrégularités (problèmes de comptabilité, reprise de travaux sans l'accord des Pieux, ...). C'est donc à Carimini que fut confié le projet de reconstruction de Saint-Yves. Si ce projet ne fut pas sa première oeuvre (Séminaire Pontifical français, chapelle du crucifix de l'église des Saints Apôtres, église et couvent Saint Antoine, Palais Brancaccio, projet pour le Palais de Justice), il en fut le dernier; Carimini mourant un mois après que soit achevé l'église Saint-Yves en décembre 1890. Notons que parmi ses élèves, à la Sapienza, se trouve Giuseppe Sacconi à qui l'on doit le très célèbre monument à Victor Emmanuel II à Rome.
Venons en à la façade de Saint-Yves-des-Bretons. Laissons plutôt parler François Macé de Lépinay (contribution à un colloque organisé par l'Ecole française de Rome en 1978, publié en 1981 dans la Collection de l'Ecole Française de Rome, n°52, Les fondations nationales dans la Rome pontificale, pp.423-451). « L'église de Saint-Yves doit nous arrêter plus longuement. Prise en tenaille entre les deux ailes en retour de l'immeuble de rapport dont nous venons de parler, et écrasées par celles-ci, elle ne laisse voir que sa façade sur le modeste vicolo della Campana. Force est de constater que, bien qu'à deux pas d'une artère prestigieuse, elle est ici mise en pénitence. Pris en lui-même, le frontispice est charmant. Carimini a réparti avec équilibre, sur une façade rectangulaire simple, couronnée d'un grand fronton triangulaire à tympan, quelques-uns des motifs décoratifs caractéristiques des 'modèles obligés' de la Renaissance » ainsi le grand porche en plein cintre, niches vides voûtées en coquilles et surmontées de frontons sur pilastres et consoles, bas reliefs aux armes de la Bretagne. « Tout évoque le Cinquecento », c'est-à-dire le 16ème siècle ou la Haute-Renaissance italienne.
Sur cette façade à la couleur plutôt sombre, Carimini a conservé une note de couleur qui attire le regard. Contrairement à ce qu'indique l'ouvrage de Pierre Lacroix prétendant que le médaillon de la Vierge est une copie fort réussie d'un Della Robbia, il semble bien (voir François Macé de Lépinay, p. 433) que le médaillon soit un réemploi de l'ancienne église sorti des ateliers des frères Della Robia ou tout au moins de leurs disciples. En 1878, Adriano Ferraresi (1851-1892) compléta ce médaillon de deux figures, l'une de Saint Yves à gauche, l'autre de Saint Bernard.
La famille Della Robbia est une famille d'artistes italiens de Florence bien connus depuis le 14ème siècle. Parmi les membres les plus célèbres de cette famille, Luca Della Robbia (1400-1481) et Andrea Della Robbia (1435- 1525) son neveu. Luca est celui qui fonda les ateliers d'où sortirent de nombreuses oeuvres que l'on retrouvent à Florence, à Rome et Naples mais qui, au gré de l'histoire, se sont également retrouvées entre autres au Louvre à Paris, au Bode Museum de Berlin ou encore au Musée du California Palace of the Legion of Honor à San Francisco. En cliquant sur ce lien vous pourrez avoir une petite idée des oeuvres sorties des ateliers Della Robbia :(http://images.google.fr/images?hl=fr&source=hp&q=della+Robbia&um=1&ie=UTF-8&ei=RPiwSryNMsT4_AaTwI3ZDA&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1)